Sommaire
- 1 Propos introductif
- 2 GLPI partie 1 : la vie communautaire
- 3 Présentation des invités
- 4 La naissance de GLPI
- 5 Les débuts du projet
- 6 Le couple OCS Inventory NG et GLPI
- 7 Les premiers contributeurs externes
- 8 L’arrivée de Walid sur le projet
- 9 L’organisation du projet pour accueillir les nouveaux utilisateurs
- 10 La mise en place de contrats de partenariats entre l’association et les sociétés faisant du service autour de GLPI
- 11 Le partenariat vu du côté d’une société de service
- 12 Le constat sur le projet et les prémices du changement de mainteneurs
- 13 Le changement de gouvernance en 2015
- 14 La reprise du projet et le passage en mode éditeur
- 15 La première transition de mainteneurs
- 16 Remerciements et autres auto-congratulations 😉
- 17 Les mots de la fin
- 18 Licence
Propos introductif
Projets libres ! souhaite à sa manière bon anniversaire aux 20 ans du logiciel GLPI, outil de gestion de parc informatique et de helpdesk.
Nous revenons sur toute l’histoire du projet, avec ses mainteneurs successifs (dont l’auteur du podcast).
GLPI c’est l’exemple d’un logiciel qui a vécu plusieurs vies, et qui se réinvente au fur et à mesure, que ce soit au niveau de la gouvernance qu’en terme technologique.
Pour ce premier épisode, nous parlons de la naissance du projet, et de sa vie communautaire, puis du passage en mode éditeur chez Teclib.
GLPI partie 1 : la vie communautaire
Walid : bonjour et bienvenue dans Projet Libre. Merci à tous d’être là. Aujourd’hui, ça va être un épisode un peu spécial, ça va être un épisode en deux parties. On va parler d’un projet sur lequel j’ai travaillé pendant 12 ans de ma vie et sur lequel j’ai appris en gros à peu près tout ce que je sais au niveau du logiciel libre.
Donc ce projet s’appelle GLPI et il a 20 ans cette année. Et donc pour ces 20 ans, c’était un projet qui me tenait à coeur, je voulais trouver un moyen de pouvoir faire un petit peu un retour dessus et parler un petit peu de ce que c’est GLPI, un peu ses spécificités et montrer aussi un petit peu ce que c’est que le développement d’un logiciel sur le temps long. Et pour ce faire je suis pas tout seul, je suis entouré de deux des mainteneurs historiques et bénévoles du projet, Julien Dombre et Jean-Mathieu Doléans et aussi d’Alexandre Delaunay qui a été pendant de nombreuses années mon collègue chez Teclib. Voilà donc merci à tous d’être là.
Présentation des invités
Walid : Pour commencer je vais vous demander à tous les trois de vous présenter. Julien c’est à toi la parole.
Julien : je suis Julien Dombre, j’ai 45 ans, j’ai deux enfants. Je suis informaticien et on fait un peu tous les métiers dans l’informatique. Et j’ai une carrière principalement, pas principalement, exclusivement dans la fonction publique, dans différentes structures et spécifiquement dans le domaine de l’éducation.
Walid : d’accord. Jean-Mathieu ?
Jean-Mathieu : donc Jean-Mathieu Doléans, moi je vais taire mon âge parce que je suis le plus vieux de l’équipe donc je ne vais pas me tirer une balle dans le pied en exposant mes décennies d’activités… comme je viens des cofondateurs du projet GLPI et puis j’ai été le président pendant de nombreuses années de l’association Indepnet qui a porté ce projet. A titre personnel, j’évolue dans le numérique et à titre professionnel également depuis très longtemps, peut-être trop d’ailleurs. Et j’ai une certaine passion et surtout une conviction chevillée au corps pour les logiciels libres et le partage de la connaissance depuis de nombreuses années. Voilà et dans le cadre professionnel j’ai exercé pas mal de métiers un peu dans le privé mais aussi beaucoup dans la fonction publique qu’elle soit d’état et dans les collectivités territoriales.
Walid : super, Alexandre ?
Alexandre : moi c’est Alexandre Delaunay, j’ai 40 ans. Je suis l’actuel mainteneur du projet GLPI et je travaille depuis un certain moment chez Teclib. Précédemment j’avais une carrière de développeur web dans différentes sociétés, mais j’ai découvert le logiciel libre chez Teclib et le logiciel GLPI dans le même temps. C’est moi qui m’occupe normalement de ce logiciel.
Walid : moi je vais me présenter aussi. Donc moi aussi j’ai travaillé sur GLPI depuis 2006 jusqu’en 2018. On va y venir après. J’ai été un des développeurs et un des mainteneurs aussi de GLPI.
La naissance de GLPI
Walid : maintenant que les présentations sont faites, l’idée c’est de présenter GLPI très succinctement pour que les auditrices et les auditeurs sachent un petit peu de quoi on parle. Alexandre, est-ce que tu peux en quelques phrases présenter le projet GLPI ?
Alexandre : oui, alors le GLPI est un logiciel libre. Son nom est un acronyme qui veut dire « Gestionnaire libre de parc informatique ». Il a plusieurs casquette qui sont d’une part l’inventaire du matériel informatique et d’autre part la gestion du Helpdesk… enfin un système de ticketing qui permet de faire de l’assistance aux utilisateurs au son sein. Et s’ajoute à ça tout un ensemble de fonctionnalités supplémentaires telles que de la gestion de projets et divers outils qui vont se greffer sur l’une ou l’autre des deux parties principales pour amener à ce qu’on appelle un outil, un ITSM en fait, qui permet de faire de la gestion d’un service informatique dans son ensemble.
Walid : Julien et Jean-Mathieu, est-ce que vous pourrez nous expliquer un petit peu la naissance de GLPI ?
Jean-Mathieu : on va faire un peu d’archéologie. En fait, c’est l’histoire d’une rencontre surtout, un peu fortuite d’ailleurs, plus qu’une histoire technique. J’étais le président de l’association Indepnet, qu’on avait fondée à l’époque avec Basile Lebeau et d’autres amis.
C’était une association qui œuvrait dans la promotion, le développement des logiciels libres, mais surtout autour des acteurs associatifs qui étaient un peu éloignés de ces concepts-là. Et particulièrement sur, à l’époque, quelque chose qu’on appréciait beaucoup, qui étaient les systèmes de gestion de contenu, c’était assez nouveau à l’époque. Et pour les acteurs associatifs c’était un moyen technique de pouvoir avoir une présence sur le web, de s’exprimer facilement sans connaissances techniques préalables.
A l’époque on faisait pas mal de promotions, de formations, d’installations et déploiements d’un système de gestion de contenu assez célèbre qui s’appelait SPIP, qui s’appelle d’ailleurs toujours SPIP, qui existe toujours. Et en fait Basile, lors de ses activités, a travaillé pour une structure qui avait besoin d’un outil de gestion d’actifs informatiques. Et donc il avait fait un peu le tour des logiciels libres qui existaient, il n’avait rien trouvé de très probant, excepté un bout de code autour d’un projet qui s’appelait Irma, qui était un projet qui n’était plus maintenu.
Son créateur original n’avait plus souhaité donner suite à sa production. Et lorsque Basile a travaillé sur ce code et les fonctionnalités, il m’avait demandé un coup de bain sur les interfaces, etc. Et en fait, tout simplement, on s’est pris un peu de passion pour ce petit projet initial et on a surtout senti et pressenti qu’il y avait quelque chose à faire autour de cela. Parce que en faisant un petit peu le tour de ce qui existait à l’époque et notamment des logiciels propriétaires on s’est rendu compte que c’est des logiciels de gestion de parcs qui étaient vendus à prix d’or à l’époque avec des coûts extrêmement importants et voire prohibitifs pour des acteurs associatifs ou des acheteurs publics d’ailleurs tout simplement. Donc beaucoup ne pratiquaient pas de la gestion de parc de manière informatisée et se contentaient de tableurs et autres qui étaient des outils un peu préhistoriques.
Et donc on s’est dit qu’il y avait un besoin auquel pouvait répondre ce projet. Donc on l’a repackagé, corrigé, interfacé, documenté, etc. Et c’est ainsi qu’en 2003 est sortie la première version stable de GLPI, la version 0.2. C’est comme ça qu’est né le projet.
Walid : en fait, en gros, ce projet avant qui s’appelait Irma, il a été renommé en GLPI. Donc c’est vous qui avez choisi le nom de GLPI ?
Jean-Mathieu : en fait comme on l’avait repackagé complètement, modifié, traduit, refait l’interface, refactorisé le code, etc. On a fait une reprise, une refonte complète, c’est surtout basé sur les fonctionnalités.
On avait décidé de lui donner un nouveau nom, une nouvelle identité et d’en faire la promotion auprès des utilisateurs qui pouvaient en avoir le besoin.
Walid : et donc là en 2003 quand vous sortez… donc déjà vous le mettez sous licence GPL, j’aimerais bien savoir un petit peu pourquoi, et puis quand vous le sortez, où est-ce que le code vous le mettez à disposition ? Il y a quoi en 2003 pour mettre, comme forge logicielle, pour mettre à disposition le code ?
Jean-Mathieu : il n’y a rien du tout ! Enfin si, c’est pas vrai. Initialement, il n’y avait rien, tout au moins, à notre connaissance. Parce que, encore une fois, c’est un projet qui est né d’une rencontre fortuite, c’est un projet humain avant d’être un projet technique. Et donc on a aussi appris en construisant. Initialement, pour diffuser le logiciel, on a mis en place un site web, sur un SPIP d’ailleurs.
On a packagé, on a fait une archive, on a fait une documentationet à l’époque, il n’y avait pas pléthore de forges, en fait on s’y est attelé que bien plus tard. Pendant un an ou deux, on a travaillé sans les outils qu’aujourd’hui tout le monde connaît et avec lesquels personne n’était pas présent comme des plateformes de dépôt comme Github.
Walid : et pourquoi la GPL alors ? Qu’est ce qui vous a poussé à choisir cette licence ?
Jean-Mathieu : alors d’abord parce que le code initial était sous licence GPL, donc de toute façon il y avait une obligation juridique, mais même si ça n’avait pas été le cas ou si on avait re-développé intégralement, de toute façon tout ce qu’on a conçu, créé au sein de l’association a toujours été sous licence libre, que ce soit les docs ou le code. Il y avait une volonté de partage, de diffusion, de distribution et de permettre aux gens de s’approprier les choses. En fait quand on a initialement diffusé GLPI, on n’envisageait pas de le maintenir par la suite en fait. On s’est dit voilà on a fait un truc sympa, ça peut servir à d’autres et puis d’autres s’en saisiront certainement.
Walid : d’accord et toi Julien, toi tu es arrivé quand et comment sur le projet GLPI ?
Julien : moi je suis arrivé en 2004 au vu de l’historique des commits sur le projet et de manière très intéressée au départ très clairement. J’étais à l’époque ingénieur dans un laboratoire de recherche, gestionnaire de parc informatique, et je cherchais un outil. Et de mes recherches, au final, le seul outil libre à disposition, c’était GLPI. Donc au final, je l’ai testé, ça me convenait et ça répondait à une grande partie de mes besoins. J’avais des problèmes avec cet outil, en particulier sur la partie authentification, ça ne s’intégrait pas correctement au système d’information du laboratoire donc j’ai commencé à proposer des patches. Et malheureusement ou heureusement dans le sens où on voit voilà j’ai commencé à mettre un pied dedans et après j’ai sauté dedans. Donc après j’ai deux mémoires rencontré en 2004 aussi à Solution Linux, Basile et Jean-Mathieu et là j’étais perdu pour la cause je crois.
Walid : la forme juridique qui portait le projet GLPI, elle était là avant le projet ?
Jean-Mathieu : tout à fait, elle était antérieure à GLPI. L’association Indepnet existait avant.
Walid : d’accord, ok. Elle continue à exister ?
Jean-Mathieu : non, elle a été dissoute il y a quelques années maintenant.
Les débuts du projet
Walid : au tout départ, Julien, toi, c’était intéressé. Jean-Mathieu, toi, quand ça a commencé, est-ce que tu avais un intérêt professionnel ? Est-ce qu’à un moment tu l’as utilisé professionnellement au début quand tu as commencé à contribuer ou est-ce que c’est juste comme tu dis parce que tu t’es tombé un peu amoureux du projet et que tu as continué comme ça?
Jean-Mathieu : il n’y avait aucun lien avec les métiers que j’exerçais à l’époque et aucun intérêt professionnel dans le projet GLPI. Il n’y avec mes activités pro. C’était plutôt un défi ou un challenge idéologique, intellectuel, humain qui m’intéressait.
Walid : on est en 2003, vous mettez le code source sur internet, est-ce qu’il y a des gens qui montrent de l’intérêt ? Comment ça se passe en fait ? Vous aviez une mailing-list ?
Jean-Mathieu : on avait mis le code sous la forme d’une archive à disposition, la doc, etc. Et puis après on a mis une mailing list en place et puis très vite on a été contacté par des utilisateurs qui téléchargeaient, qui avaient des questions, qui avaient des suggestions d’amélioration, des propositions, etc. Ce qu’on avait envisagé initialement, à savoir de mettre à disposition et puis à ce que d’autres s’en saisissent, en fait, c’est pas vraiment ce qui s’est passé c’est plutôt que très rapidement ça a eu un petit succès somme toute modeste mais quand même présent. Et ça a circulé assez vite après par effet de bouche à oreille plus qu’autre chose puisque nous on n’avait pas de moyens marketing pour aller faire la promo du projet mais il y avait un effet un petit peu boule de neige et donc en fait on s’est pris le doigt dans l’engrenage et puis devant l’enthousiasme on a répondu aux questions, on a apporté des corrections, on a commencé à sortir des versions supplémentaires alors que ce n’est pas vraiment ce qu’on avait envisagé.
Comme Julien on s’est fait un peu happer par à la fois le succès, le challenge et puis le côté sympa du projet et puis la naissance d’une communauté qui avait de fortes attentes. Et puis c’était assez encourageant, motivant et gratifiant de construire collectivement quelque chose et sa oeuvre pour l’intérêt général.
Walid : donc au départ la communauté elle est majoritairement francophone ?
Jean-Mathieu : c’était exclusivement franco. C’est que quelques années plus tard qu’on a eu des contacts avec des anglophones ou des bilingues qui nous ont dit mais moi ça intéresserait ma boîte, etc. Ça intéresserait ma structure, ça intéresserait mon entité. Et donc certains ont commencé à proposer des débuts de traduction. C’est comme ça qu’en fait GLPI a commencé à s’internationaliser.
C’est pas un projet qui avait été pensé initialement pour l’international, mais encore une fois, à l’entrée est technique avec un développeur qui est déjà au fait de tout ce qui existe comme support de communication, de développement communautaire, etc. Bon, je répète qu’à l’époque il n’y avait quasiment rien. Et qui se dit tout de suite, ben voilà, je vais construire mon code de telle manière, mon projet de telle façon, je vise tout de suite l’international, je vais déjà développer immédiatement en anglais pour que… Voilà, c’était pas l’entrée, voilà. Alors après on a fait les efforts nécessaires pour pour répondre aux sollicitations, mais l’internationalisation est venue d’abord sur les aspects traduction puisqu’on a eu pas mal de contributions rapidement pour les traductions des dictionnaires de langue.
Le couple OCS Inventory NG et GLPI
Walid : moi je suis arrivé sur le projet en 2006 et au moment où je suis arrivé, on parlait de JLPI mais on parlait surtout de OCS et GLPI. Et en fait ce que j’aurais bien aimé que vous nous expliquiez, peut-être Julien, c’est votre rencontre avec l’équipe OCS, comment ça s’est fait et comment vous avez commencé à travailler ensemble à l’époque. Expliquez un petit peu ce qu’était OCS.
Julien : les rencontres avec OCS, initialement, j’avoue que je me souviens plus vraiment comment ça s’est fait et comment sont faits les premières accroches, je ne sais pas si tu t’en souviens Jean-Mathieu ?
Jean-Mathieu : c’était la Gendarmerie.
Julien : c’était la Gendarmerie, oui….
Jean-Mathieu : initialement, je crois que tu n’étais pas dans la boucle, Julien, sur la toute première rencontre. Je ne me souviens plus, mais je sais qu’on avait été invité par l’équipe d’OCS, qui travaillait à la gendarmerie, en région parisienne, pour nous parler de leur projet qu’ils nous présentent. Ils souhaitaient créer des ponts entre leur solution OCS et GLPI.
Walid : donc on va juste rappeler que OCS en fait c’est un autre outil, un autre logiciel libre français dont le but est de créer un système d’inventaire automatisé. Pas de gestion de parc mais d’inventaire automatisé en tout cas à l’époque c’était ça.
Jean-Mathieu : oui tout à fait et on avait rencontré l’équipe très sympathique des développeurs d’OCS, ils étaient trois à l’époque, et on avait tout de suite et sympathisé et eu envie de collaborer pour permettre à notre communauté d’utilisateurs d’avoir un outil d’inventaire automatisé : ça nous semblait extrêmement intéressant comme complément. Pour l’équipe d’OCS à l’époque, ça voulait dire aussi qu’ils avaient surtout à se focaliser sur le moteur d’inventaire et pas sur toute la question de la gestion des interfaces etc. Ça leur permettait de se concentrer sur les parties techniques et il y avait déjà fort à faire sur la question de l’inventaire et des agents d’inventaire.
Julien : je me souviens on les a rencontrés au moment où ils avaient déjà une interface en fait, ils avaient une interface graphique pour piloter leurs agents et ils se posaient la question d’aller plus loin dans leur interface. C’est ça, oui. Et le lien avec GLPI a fait qu’ils ne s’y sont pas lancés parce que GLPI répondait à ce besoin là.
Walid : pendant des années, en fait, ce qui a fait entre autres le succès de GLPI, c’était OCS plus GLPI finalement. C’est ces deux logiciels qui étaient un peu un espèce de couple, je ne veux pas dire inséparable, mais qui finalement a fait qu’il y avait une solution libre open source qui était concurrente à des outils propriétaires. C’est bien ça.
Jean-Mathieu : oui et non, je vais nuancer un petit peu, GLPI fonctionnait très bien sans OCS, il y avait une communauté d’utilisateurs importante. Mais on va dire que l’arrivée du duo OCS – GLPI, ça a été un booster notamment pour les grandes structures. Parce que la question des agents en fait elle se posait surtout pour les gens qui avaient des structures, qui avaient des parcs importants. Toutes les petites structures jusqu’à je vais dire n’importe quoi mais une centaine de PC à gérer, ça ne leur posait pas de problème de faire des imports CSV de bonnes livraisons et autres pour avoir leur inventaire ou de le gérer même à la main. Ce qui posait problème c’était qu’on atteignait des parcs importants et ça a servi effectivement de booster pour l’adoption de parc puisque là on avait un ensemble complet et qui rivalisait du coup beaucoup plus facilement avec les solutions propriétaires qu’on trouvait sur le marché.
Les premiers contributeurs externes
Walid : je voudrais qu’on parle des premiers contributeurs externes c’est à dire pas Jean-Mathieu, moi quand je suis arrivé, enfin Julien et Jean-Mathieu vous étiez là déjà tous les deux, vous étiez déjà bien établi et vous aviez le truc bien en main. Est-ce que vous vous rappelez à quel moment sont arrivés les autres contributeurs qui sont les gens qui sont restés voilà des années à travailler sur le projet ?
Jean-Mathieu : qui ne s’en souviendrait pas ? (rires) Alors après Julien qui était un contributeur principal et qui est devenu membre très rapide et du fait de sa très grande compétence et puis de la sympathie qui nous liait, il a intégré très très vite l’équipe principale de développeurs. Après en fait ça a été des rencontres.
Il y a eu le travail de collaboration avec la CNAM qui avait un gros projet de gestion de parc et donc qui s’intéressait beaucoup à GLPI mais qui avait des besoins non couverts par la solution et qui souhaitait voir comment elle pouvait s’inscrire dans une démarche positive et constructive de collaboration et de contribution autour du projet. Et donc c’est à ce moment là qu’on a rencontré notre serviteur Walid ce soir qui, à l’époque, travaillait pour une SSII auprès de la CNAM ainsi que son collègue Gonéri (Le Bouder). Le fait de travailler ensemble sur les questions de développement et d’intégration des contributions dans un projet communautaire déjà existant avec des lignes qui étaient déjà à l’époque relativement structurées, des lignes directrices assez fortes auxquelles on dérogait peu, mais qui nous a permis de tenir le cap et d’être cohérent avec nos utilisateurs et avec notre philosophie. Ça a bien matché, on va dire aussi avec Walid, qui a eu une phase de rodage un peu spécifique parce que quand on vient d’une SSII, ce n’est pas forcément non plus très simple d’établir les ponts avec une structure de développement communautaire, surtout quand vous avez un client derrière, qui a des exigences aussi de délai, de production, de genre de choses, donc il faut comprendre comment on s’inscrit dans ça. Wally, tu l’as compris assez rapidement et facilement, mais en plus tu as dû travailler sur une question d’interface ou de médiation on va dire entre la communauté d’un logiciel libre et puis les besoins d’un client qui était, somme toute, assez gros quand même.
Walid : j’y reviendrai après, parce que je voudrais justement donner un peu mon arrivée sur le projet, parce que je pense que c’est assez typique justement de l’ouverture d’une communauté qui accueille les nouveaux contributeurs. Je suis arrivé avant, par exemple, Xavier Caillaud (NDLR : son pseudo est TSMR).
Jean-Mathieu : Xavier, il va m’en vouloir, il est arrivé avant toi effectivement. Il était surtout au départ contributeur sur des remontées de bugs – il n’était pas développeur à l’époque, surtout utilisateur – donc remontée de bugs, relecture de doc. Donc il a effectivement pas mal contribué mais sur des objets moins techniques, c’est pour ça que je l’étais focalisé sur les aspects contributions en dev. Mais oui, Xavier a fait beaucoup de bêta test, etc. Il est devenu aussi très vite Helper aussi sur les forums communautaires, très rapidement. Et puis par la suite développeur, et développeur contributeur sur des plugins (greffons) pour GLPI.
Ensuite il y a trois personnes assez importantes qui sont arrivées par la suite. Donc, Remi Collet et Nelly Lasson sont arrivées à travers l’Assurance maladie parce qu’ils travaillaient là-bas et se sont mis à contribuer eux-mêmes, ce qui est quand même assez intéressant qu’un client se mette finalement de lui-même à contribuer.
Jean-Mathieu : tout à fait. Julien, est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur l’arrivée de ces différents contributeurs ?
Julien : ces contributeurs qui ont permis d’asseoir la notoriété de GLPI de par la communauté qui grandissait. Et surtout de donner la capacité au projet d’avancer plus vite. En particulier, la collaboration avec la CNAM a permis vraiment d’arriver à avoir un produit qui gagnait en assise technique pour des grands groupes. L’Assurance Maladie à l’époque de même que le référencement qu’ils avaient était plus de 100 000 postes gérés. C’était énorme par rapport à ce que nous on envisageait même au départ du projet. On était content quand on avait un utilisateur qui utilisait GLPI pour gérer ces 200 postes. Eux ils sont arrivés, voilà, plus de 100 000 postes, voilà. Avec mécaniquement les besoins et d’optimisation qui étaient nécessaires pour gérer ce volume-là. Et donc mécaniquement ça a fait avancer énormément GLPI sur tous les aspects techniques.
L’arrivée de Walid sur le projet
Walid : je peux expliquer un peu, vu de mon point de vue, un jour mon chef vient me voir, moi et mon collègue, Gonéri Le Bouder, et il nous dit qu’on travaillait chez Atos, grosse entreprise, on était dans le centre open source. Un jour notre chef vient nous voir et nous dit : « si ça vous intéresse, il y a une mission, on a un contrat cadre avec l’Assurance Maladie, vous pouvez aller faire de la gestion de parc et de l’inventaire automatisé ». Bon, on n’y connaissait rien, on ne savait même pas ce que c’était.
On arrive là, on regarde les projets, Gonéri savait faire du Perl donc il va sur OCS, moi je faisais du PHP et du LDAP, je me suis dit ok GLPI, et là les premières contributions déjà c’est aller sur IRC, commencer à se présenter un petit peu, faire 2-3 petites contributions, envoyer quelques patches, arriver vraiment très discrètement et humblement, parce qu’en fait on ne connait personne. Vu de ma fenêtre ça s’est bien passé au départ, à un moment il a fallu aller plus loin et là nous on a organisé une rencontre physique justement pour pouvoir se rencontrer parce qu’on allait être amené à travailler pas mal ensemble finalement. Comment vous avez eu ça Julien par exemple ? Comment vous avez eu ça quand justement on a la science maladie arrivé avec ses gros sabots pour venir travailler sur sur GLPI ?
Julien : l’arrivée de la science maladie dans le projet pour moi c’était l’arrivée la plus facile parce qu’elle a été faite comme tu l’as dit humblement. Par rapport à toi qui est arrivé humblement. On a eu d’autres arrivées de contributeurs qui sont arrivés avec leur grand sabot, mais de mémoire l’arrivée de la CNAM par toi et après par Remi et par Nelly, ça s’est toujours très bien passé.
On a toujours pu échanger calmement, on pouvait avoir des points de vue divergents mais on était toujours, ça se passait toujours très bien dans les discussions.
Jean-Mathieu : Walid faisait référence à une fameuse rencontre quand même avec quelques chefs à plumes à l’époque de la CNAM. Voilà, je pense que c’est plutôt cet aspect là. Effectivement avec les contributeurs on a extrêmement bien travaillé, tu as raison Julien de le souligner. Il y a eu le besoin de clarifier un petit peu les questions d’attente, d’objectifs et de posture et stratégie. Et moi je me souviens d’une réunion un petit peu particulière où on a rencontré des chefs à plumes de la CNAM(TS) qui nous avaient abordé un petit peu de haut quand même à l’époque et puis en insistant assez lourdement sur, je me souviens très bien de la question, c’est « est-ce que vous êtes content qu’on utilise votre projet ? ». Et je me souviens avoir un peu choqué à l’époque en disant « non je m’en fous que vous utilisez le projet ou pas, je m’en fous, ce qui m’intéresse c’est est-ce que vous allez être contributeur ou pas ». C’est la raison de notre présence à cette réunion à l’époque, c’était de dire on est venu vous voir parce que vous nous aviez dit que vous vouliez utiliser le GLPI, tant mieux, mais surtout vous vouliez contribuer. Donc c’est ça qui nous intéressait et qu’on soit bien dans une logique gagnant-gagnant, c’est-à-dire qu’on accepte éventuellement de travailler ou d’adapter la roadmap (NDLR : feuille de route) en répondant à des besoins, peut-être plus rapidement, à des besoins immédiats pour la CNAM, même si c’était inscrit dans la roadmap GLPI. Mais on pouvait la modifier, l’adapter, être facilitateur et puis intégrer peut-être plus facilement et rapidement des contributions pour pouvoir répondre aussi à des calendriers propres au projet de la structure. On était prêt à le faire, mais si on était dans un échange gagnant en gagnant et donc qu’il y avait des retours sous forme de contributions au projet. Et c’est vrai que naturellement en fait on nous avait abordé comme si on était un éditeur de logiciels propriétaires et qu’effectivement on était content d’aller sabrer le champagne parce qu’on avait remporté un contrat avec une grosse entité publique sauf que ce n’était pas le cas. Il n’y avait pas de contrat, pas d’espèces sonnantes et trébuchantes. C’était les contributions qu’allait pouvoir apporter la CNAM via ses contributeurs, via son prestataire.
Une fois dit tout ça, ce sont les contributeurs entre eux qui se sont parlé, les développeurs entre eux, et on a pu avancer de la manière la plus intelligente et la plus constructive et productive possible pour le bien du projet. Ce qui a permis à GLPI de grossir très vite sur les questions de gestion des grosses structures, les questions de performance dont parlait Julien, qui a passé des nuits et des nuits à régler ces problématiques de performance de l’application sur des très gros parcs, et puis aussi une professionnalisation aussi plus intensive de GLPI. Notamment grâce aux contributions de Remi et de Nelly sur les questions ITIL aussi, qui ont été force de proposition et très fortement contributeurs sur les questions d’intégration ITIL. C’est une contribution qui a été extrêmement fructueuse pendant plusieurs années.
Walid : je vais juste rappeler pour les auditrices et éditeurs qui ne connaissent pas que ITIL, c’est un ensemble de bonnes pratiques pour organiser un service informatique. Sur GLPI, ça a beaucoup impacté la partie Helpdesk, donc la partie Ticketing.
L’organisation du projet pour accueillir les nouveaux utilisateurs
Moi, ce que je voulais aussi savoir pour finir sur ce point-là, c’est jusqu’à l’arrivée de l’Assurance Maladie, vous n’aviez pas de contributeur, développeur à temps plein. À partir du moment où on est arrivé, il a commencé à y avoir des contributions à temps plein. Ensuite, par la suite, il y a David Durieux qui est arrivé aussi, qui a commencé à faire des contributions. Comment vous vous êtes organisé justement pour faciliter le fait de pouvoir contribuer avec des gens qui eux sont payés, ce qui n’était pas votre cas pour travailler sur GLPI.
Julien : comment on s’organisait ? On ne s’organisait pas je crois, on y passait nos soirées, nos week-ends et nos vacances.
Jean-Mathieu : on a passé beaucoup de temps c’est vrai, mais d’abord Julien était extrêmement efficace, il faut le dire. Il est peut-être encore, je ne sais pas, mais à l’époque il était extrêmement efficace avec un niveau de productivité assez impressionnant. On s’inscrivait dans une logique de best effort, recevait des contributions, mettait un point d’honneur, à répondre le plus vite possible, à intégrer le plus rapidement possible et le mieux parce que c’est une question de respect de la contribution et c’est aussi d’ailleurs pour ça qu’on l’a eu beaucoup, parce qu’on ne laissait pas les gens attendre dix mois qu’on étudie ou leur patch ou leur proposition ou qu’on leur réponde. Je nuancerai un peu, on s’est quand même organisé en termes de structuration, de process. On a beaucoup écrit sur les forges à l’époque les forges qu’on s’est constitué nous-mêmes donc on a beaucoup outillé, on avait les roadmaps automatisés, les gestions de tickets associés.
Aujourd’hui ça fait rire tout le monde parce que c’est disponible pour n’importe qui mais à l’époque il a fallu monter des serveurs, installer des forges, on a changé je sais pas combien de fois d’ailleurs parce que projet naissait et vivait et mourait. On a géré du CVS avec du SVN, du Git, mais on a aussi beaucoup structuré et outillé en process formalisé.
Donc du coup quand un contributeur arrivait, on l’orientait facilement vers le outil communautaire qui gérait les aspects vers la forge et où tout était expliqué. Comment on faisait une contrib(ution), par quel process ça passait. Comment on sortait une nouvelle version. Comment on inscrivait des éléments dans une roadmap. Comment on validait des specs, comment elles devaient être écrites pour être comprises par tous, etc. En fait on a énormément travaillé sur la structuration du projet, pas du code, mais c’est beaucoup de temps et beaucoup de réflexion et beaucoup de neurones et ça a permis une intégration beaucoup plus rapide de nouveaux contributeurs.
Walid : il y avait deux choses, il y avait une communication synchrone sur IRC globalement, une communication asynchrone, il y avait une mailing list effectivement, il y avait toutes ces specs etc. De temps en temps il y avait des réunions le soir parce que vous faisiez les réunions le soir qui était le moment où vous étiez disponible donc nous aussi on faisait des réunions comme ça etc. C’était en fait un mélange des deux où, alors que vous étiez au boulot, souvent d’ailleurs vous aviez une tête sur IRC, vous répondiez et tout ça, et moi ça m’a toujours pas surpris mais ça m’a toujours bluffé de voir que vous étiez capable d’être là sur IRC et de répondre dans la journée, de regarder ce qui se passe alors que vous aviez un boulot.
Jean-Mathieu : oui on y a consacré beaucoup beaucoup de temps, soit week-end, vacances et autres, les pauses du midi, je me souviens manger un sandwich et puis je répondais sur le forum (rires). Parce qu’on avait aussi un forum communautaire avec beaucoup d’utilisateurs auxquels il fallait répondre. C’est des choses qu’on a fait à une époque parce qu’on était passionné, parce qu’on y croyait, parce qu’il y avait beaucoup de demandes, parce qu’on avait aussi des retours très motivants et très positifs des gens. Voilà, on était dans quelque chose de très émulant.
Maintenant, une chose est certaine, et d’ailleurs, l’histoire le montre, c’est que ça ne peut pas se faire indéfiniment.
Walid : Alexandre, toi, tu es arrivé quand sur le projet GLPI ? En quelle année ?
Alexandre : alors exactement en octobre 2010, avec mon arrivée chez Teclib, et être embauché en tant que développeur. Je découvre GLPI à ce moment-là précisément. Le logiciel libre, je connaissais déjà un peu, j’étais beaucoup utilisateur au sein de mes précédents emplois. Très vite on m’a mis sur des projets de production, des développements, des projets d’intégration on va dire de GLPI chez les clients de Teclib. Et sur lequel ça a nécessité énormément de développement.
Et donc en 2010 je crois que mes, enfin je vous rencontre vous deux, Julien et Jean-Mathieu, en janvier 2011, puisqu’on a fait la FOSDEM ensemble à ce moment-là. Et j’avais produit à ce moment-là, en quelques mois, mon premier plugin, qui était une interface mobile. C’était aux alentours de ces années-là, 2010-2011, où j’ai commencé mes premières passes d’armes sur le logiciel.
La mise en place de contrats de partenariats entre l’association et les sociétés faisant du service autour de GLPI
Walid : alors il y a un sujet que j’aimerais vraiment aborder parce que je trouve, enfin en tout cas dans l’écosystème français à l’époque, il est très atypique. Je pense que c’était aux alentours des années 2009, quelque chose comme ça. À un moment, vous commencez à travailler, à nous parler, à travailler sur un système de partenariat entre l’association Indepnet et les différents intégrateurs, puisqu’il y en avait plusieurs. Xavier travaillait chez un intégrateur, David Durieux était lui-même intégrateur, nous on était intégrateurs, il y en avait d’autres qui arrivaient, etc. Et je pense que ce système a été assez unique, finalement. Je ne sais pas d’où vous l’avez sorti, mais en tout cas, je n’ai pas l’impression qu’à ce moment-là, d’autres projets aient essayé de suivre cette voie de la même manière. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu, soit Julien, soit Jean-Mathieu, un peu en quoi ça correspondait ?
Jean-Mathieu : mon souvenir sur la date, c’était aux alentours de 2008 que ça a été constitué, mais en fait les réflexions étaient antérieures. On avait souvent des échanges avec Julien sur le fait qu’on était régulièrement sollicité par des utilisateurs pour des demandes de prestations et de développement, qu’on ne faisait pas, puisque l’association n’avait pas l’intention d’offrir des services sur ce logiciel.
Nous, on était toujours dans une logique de développement communautaire et de toute façon, on avait le boulot. Du coup, au départ, on orientait tout simplement vers des entreprises qui avaient collaboré ou contribué au projet. Et de mon cerveau malade est venue l’idée qu’on pouvait peut-être formaliser ça, de manière à avoir la possibilité d’afficher clairement pour les utilisateurs un réseau de partenaires qualifiés, mais surtout au-delà de la qualification, de partenaires qui acceptaient de soutenir le projet. Parce que je trouvais que c’était important quand un client, une entreprise ou un acheteur public devait choisir un prestataire qu’il sache quel était le prestataire qui allait jouer le jeu ou pas du logiciel libre et de la contribution. Parce qu’on avait quand même vu et constaté plusieurs fois qu’il y avait des gens sans conscience ni vergogne qui avaient pillé ou habillé plus ou moins adroitement GLPI elle avait revendu à un client qui se retrouvait quelques années plus tard dans l’incapacité de faire une seule évolution ou mise à jour parce que tout avait été trafiqué, développé pas forcément très proprement et puis sans perspective de long terme.
Ils n’avaient pas fait de plugins par exemple, un développement spécifique packagé en plugins, ça n’empêchait pas de mettre à jour GPI. Là on a eu des structures qui nous avaient contacté, certains des fois les larmes aux yeux en disant mais on peut plus mettre à jour, on peut plus rien faire, ben non, ils étaient coincés quoi. Donc on avait souhaité un peu rendre les choses beaucoup plus lisibles et saines pour nos utilisateurs et puis en même temps donc créer un réseau de partenaires qui soutiendrait l’association pour assurer l’évolution du logiciel.
Puisqu’on espérait à moyen terme pouvoir, pourquoi pas, embaucher des développeurs à temps plein pour travailler sur le maintien, la maintenance de GLPI.
Walid : vous vous rappelez un peu des termes ou pas ? Globalement je ne sais plus.
Jean-Mathieu : des termes ?
Walid : je ne me rappelle plus exactement à quoi vous vous engagez. Il y avait des choses quand même qui étaient un peu contraignantes pour vous qui étiez bénévole.
Jean-Mathieu : oui, on s’était surtout sur une logique de best effort sur le fait qu’on s’engageait à traiter les contributions rapidement, à répondre aussi aux interrogations de nos partenaires, à les informer d’évolution de la roadmap.
Ce n’était pas tellement des engagements d’ordre contractuel parce qu’on ne pouvait pas… c’était plutôt des engagements moraux pour faciliter la vie des partenaires qui s’engageaient à soutenir le projet, pour lesquels on avait parfaitement conscience qu’il fallait quand même répondre à des contraintes clients. Donc on comprenait les contraintes, on témoignait d’une compréhension et d’une prise en compte de ces contraintes dans notre fonctionnement aussi. Ce qui rassurait un petit peu tout le monde sur la façon dont on pouvait collaborer. Après le réseau de partenaires s’est constitué avec des gens qui y contribuaient déjà depuis quelques temps, donc ça a été surtout une formalisation de l’engagement aussi de ces partenaires à soutenir le projet.
Walid : Moi ce que je voulais savoir Julien c’est quand ça s’est mis en place, vous avez commencé à avoir les premiers partenaires, quels ont été les premiers effets en fait ? Qu’est ce que ces contributions financières et ces contributions tout court ont fait sur le projet ?
Julien : sur le projet en termes de contribution, ça n’a rien changé. Comme le disait Jean-Mathieu c’est plutôt la validation de contributions et partenariats qui étaient déjà existants. Mais ça a surtout permis pendant de mémoire au moins cinq ans de pouvoir financer, même si on n’a jamais réussi à financer un développeur à temps plein, de financer moi mon travail sur une journée. Donc pendant cinq ans je me suis mis à temps partiel pour GLPI et que pour GLPI.
Walid : même si je suppose, mais ça j’aimerais bien avoir votre votre retour là dessus, même si je suppose que ça n’a pas forcément atteint les objectifs que vous auriez potentiellement imaginé, les effets ont été quand même concrets, quoi, réels.
Jean-Mathieu : bien sûr.
Walid : je sais pas, est-ce que vous aviez des objectifs et j’allais dire un peu avec le recul côté justement gestion communautaire bénévole, qu’est-ce que vous en tirez en fait de ces problèmes de partenariat avec le recul ?
Jean-Mathieu : en fait je réalisais que le terme tu parles de problèmes de partenariat, pour moi il n’y avait pas de problème. On a initié le réseau de partenaires en 2008, on a constitué un réseau qui s’est enrichi au fur et à mesure. ça a permis de dégager des fonds pour pouvoir financer du temps de développement à côté. Après si on lui avait laissé plus de temps peut-être que le réseau de partenaires aurait continué de s’étoffer pour permettre d’arriver à un niveau suffisant pour avoir du financement global d’un poste à temps plein ou plusieurs, on sait rien. Donc pour moi il n’y avait pas de problème, c’était vraiment au contraire un système gagnant-gagnant pour tout le monde. Après je sais pas si tu fais référence au fait que…
Walid : j’ai pas dit problème, j’ai dit programme. C’était pas pareil.
Jean-Mathieu : ah programme, c’est moi qui avais dit ça. Alors voilà. Je vous avais dit mon grand âge fait que… fait que maintenant en plus je deviens sourd.
Julien : je suis bien plus jeune que toi mais j’ai aussi compris problème.
Walid : Ah bon ? Bon ça va. Ah bon bah j’ai peut-être dit problème alors, désolé. Moi ce qui m’intéressait c’était vraiment de savoir les retours. Qu’est-ce que vous en tirez en fait de ce que vous avez mis en place avec le recul ? Je sais pas Julien ?
Julien : pour moi ça n’était que du positif fondamentalement mais après voilà ça aurait pu effectivement prendre une autre ampleur mais on n’avait pas fait non plus on n’avait pas les moyens ni on a fait l’effort d’aller démarcher des gens pour s’inscrire dans le partenariat. C’était pas non plus notre but. Les partenaires venaient vers nous. On n’allait pas les chercher.
On n’avait pas la force pour le faire, et puis ce n’était pas du tout l’objectif non plus.
Walid : et vous n’avez jamais pensé à essayer de monter une société? C’est quelque chose qui vous a effleuré à un moment ou pas ?
Jean-Mathieu : oui.
Julien : j’ai souvenir qu’on en a parlé plusieurs fois. On était tous les deux dans nos métiers, et à l’époque dans des structures publiques. Et moi, je suis fondamentalement attaché à la fonction publique en fait donc lâcher mon travail c’était compliqué – pour moi en tout cas – c’était vraiment pas… et je crois que les moments où on s’est posé vraiment les questions c’est surtout été… c’était des moments un peu charnières dans nos carrières à tous les deux et où donc c’était pas du tout possible en fait.
Jean-Mathieu : et puis c’est vrai qu’on en a discuté plusieurs fois parce qu’effectivement quand on voyait le succès de GLPI on pouvait se questionner. Être entrepreneur et bâtisseur d’un projet communautaire, c’est pas la même chose, c’est pas le même métier. Nous on gérait une communauté mais on avait pas de problématiques RH (NDLR : ressources humaines) qu’un employeur connaît lorsqu’il traite avec des employés, des salariés. On avait pas de questions de business model, de gestion de seuil de rentabilité, d’investissement, de risque financier. Nous on consacrait notre temps à la construction et à la vie de ce projet communautaire sans avoir tous les à côté de l’entrepreneuriat et c’est quand même pas le même boulot. D’ailleurs on peut être entrepreneur y compris dans un logiciel et puis ne rien y connaître et pas toucher une ligne de code.
Nous ce qui nous intéressait c’est d’être des touche-à-tout, sur tous les sujets, on était sur la com’ du projet, sur la vie technique du projet, sur la vie communautaire, sur l’échange. On a rencontré plein de gens. Et on était pas sur des questions de chiffre d’affaires, de bénéfices, de capitaux et autres. Enfin voilà c’est pas le même, c’est pas non plus le même boulot et on trouvait qu’il y en avait qui le faisaient très bien donc on leur laissait…
Alors on s’est posé la question à un moment c’est vrai, on s’est dit bah est-ce que voilà, maintenant comme on avait aussi des partenaires qui faisaient très bien le job. On n’aurait pas trop non plus ce qu’on aurait apporté de plus. Et comme Julien, moi je suis très attaché à la fonction publique et à l’intérêt général.
Julien : je crois qu’une des choses qui nous a fait peur aussi c’est que c’est que mécaniquement on aurait eu des clients en face de nous et on avait peur que les clients qu’on aurait dû servir allaient nous détourner et nous faire sortir de la voie qu’on avait tracée pour GLPI et la voie sur laquelle on ne voulait pas bifurquer GLPI.
Ça aurait pu amener des choses qu’on n’aurait pas voulues et qu’on aurait été obligé de faire alors qu’on, dans le cadre communautaire, on ne les aurait pas fait.
Le partenariat vu du côté d’une société de service
Walid : et en fait, moi, ce que je voudrais dire là-dessus, c’est que si je me place du côté d’une société de service, pour nous, c’était vachement intéressant parce qu’on était forcément des partenaires et on était contributeurs. On faisait partie de l’équipe de développement, même si on n’a jamais été membre de l’association et c’est pas quelque chose qu’on voulait particulièrement. Nous on était là sur GLPI, ça nous allait très bien.
On était là je pense tous pour des raisons différentes. Moi c’est un peu comme vous, je connaissais pas ce milieu, mais quand j’ai commencé en fait je suis un peu tombé amoureux dedans et puis après j’ai continué parce que j’avais envie de pouvoir voir mes clients partir d’une solution propriétaire pour aller vers une solution libre et être capable de convaincre les gens que « arrête de payer pour ton gros logiciel propriétaire tout pourri et on fait la même chose avec un logiciel libre et viens nous aider à contribuer en logiciel meilleur ».
Je pense que entre le moment où moi je suis arrivé jusqu’au moment où vous nous avez passé la main, vous nous avez vraiment passé je pense l’esprit de ce que vous vouliez faire au niveau communautaire : dans les réflexions qu’on a pu avoir, la manière de penser, de faire les specs, etc. Je pense que – ça fait ma transition – je pense que quand nous on a repris la gestion du projet, on a juste essayé, bien sûr à notre manière, mais de continuer ce que vous avez fait. Bien sûr pas pareil parce qu’on n’est pas vous deux, mais vous nous avez vraiment passé l’esprit dans lequel vous avez travaillé toutes ces années sur le logiciel. Je ne sais pas si Alexandre tu veux dire quelque chose sur la partie SSII, enfin sur la partie société partenaire.
Alexandre : non parce que à cette période là particulièrement, j’étais encore relativement nouveau à la fois sur le projet et même dans ma carrière et donc du coup je suis pas sûr d’avoir des souvenirs particuliers que ce soit d’un point de vue économique ou ce genre de choses. Moi j’ai fortement apprécié le début de l’aventure avec tout le groupe, était passionnant et moi en tant que nouveau développeur c’était quelque chose que de mes précédents jobs… je voulais justement travailler dans une communauté de ruisselles libres ou ce genre de choses et c’était vraiment un moment extrêmement passionnant que ce soit avec les personnes externes de Teclib au sein de la communauté internet mais aussi les gens de Teclib qui m’ont porté, que ce soit toi Walid ou Gonéri qu’on a évoqué précédemment, c’était vraiment assez exceptionnel sur le moment. Mais sinon, comme je disais, j’étais assez nouveau sur le moment et mon avis est moins pertinent je pense sur cette partie là.
Le constat sur le projet et les prémices du changement de mainteneurs
Walid : alors maintenant je voudrais qu’on passe cette troisième partie, dernière partie d’entrevue, sur cette période de transition. A quel moment vous vous faites le constat qu’en fait en gros il faudrait certainement changer des choses ? Comment sont amenées les réflexions qui vont ensuite arriver en 2015 au fait que finalement vous passez la main à l’entreprise Teclib ?
Julien : j’ai un peu une mémoire de poisson rouge dans toute cette histoire, je ne me souviens pas de la réunion avec la CNAM sans qu’on m’en reparle. Je ne saurais pas faire le rapprochement… on est arrivé à un moment de GLPI où on avait construit GLPI pendant 10 ans en essayant de rafraîchir l’historique mais en ayant un legacy (NDLR : historique, dette technique) sur les aspects techniques et donc on s’est posé la question à un moment donné d’une réécriture complète qui pouvait être nécessaire parce que voilà on traînait un certain nombre de choses, on était sur du PHP d’il y a des années 2000. Arrivait ce qui était modèle MVC sur lequel on n’était pas du tout là dans GLPI à l’époque. Donc on s’est posé cette question-là, on a beaucoup échangé, en particulier avec l’ensemble des contributeurs, avec David Durieux, avec toi Walid et avec d’autres gens, sur ce qui était pertinent, comment on pourrait faire. Mais je ne suis pas certain que cette volonté ou cette idée de réécrire complètement ait un impact sur la décision de passer la main. Jean-Mathieu donnera son avis après, mais je pense qu’on était surtout arrivé, en tout cas pour ma part c’était le cas, à une étape de ma vie personnelle qui faisait que j’aspira à autre chose. Et certainement une forme de lassitude du modèle.
Même si encore à l’époque, de même ordre, j’étais encore à 80% et j’avais encore une journée disponible pour GLPI, donc ça c’était très très agréable pour moi parce que j’avais vraiment une journée toutes les semaines pour me libérer du travail et vraiment me donner à 100% pour GLPI donc c’était très très confortable. Mais je pense que personnellement j’étais arrivé à une lassitude et surtout à un tournant de la vie personnelle qui fait que c’était le moment de passer la main. Tournant de vie personnelle, typiquement voilà, on a passé la main, six mois après, mon premier garçon est né. Donc voilà, c’était…
Jean-Mathieu : on n’avait pas reparlé avec Julien de cette époque. J’écoutais avec beaucoup d’émotion ce qu’il disait, mais je pense qu’il y a eu une conjonction d’éléments qui ont amené à ces décisions de passage, de transmettre le flambeau à un partenaire du projet GPI. Effectivement, Julien l’avait bien dit, mais c’était un peu sous-jacent dans mes explications précédentes, quand j’ai dit qu’on travaillait un peu en mode turbo, on ne peut pas travailler indéfiniment, mais c’est vrai. Il y avait… ils ne sont pas dans l’ordre, mais il y avait un état de fatigue. Ça faisait dix ans qu’on portait le projet contre vents et marées, jour, nuit, week-end, vacances.
Parce que, on ne l’a pas dit, mais pour faire vivre la communauté, on a organisé aussi des séminaires délocalisés, on a invité tout le monde. Je me souviens de Coding Weeks aussi avec Julien, on passait un bon nombre de vacances jusqu’à 6 heures du matin à refaire des développements etc. Mais bon voilà, c’est une époque, on s’est vraiment beaucoup amusé et enrichi. Comme toute chose, ça a une fin. A la fois, il y a une fatigue intellectuelle, psychologique, physique, et puis effectivement une aspiration aussi à d’autres choses d’un point de vue personnel, on peut s’entendre.
Après, il y a eu aussi, par rapport au projet lui-même, sans parler de la Dev Team, le projet lui-même, nous on trouvait qu’on avait fait un petit peu le tour et que pour avancer plus loin, on était arrivé à la conclusion qu’il fallait réécrire GLPI pour répondre aux aspirations ou aux lignes directrices qu’on souhaitait former pour les dix années qui suivaient la vie prochaine pour GLPI en fait.
Et là quand on s’est regardé avec Julien et qu’on s’est dit « oh là là il y a tout ça à faire, on s’est dit on n’aura pas l’énergie pour le faire ». Donc on s’est dit « est-ce qu’on est encore les bons parents, entre guillemets, pour s’occuper de GLPI ? Est-ce qu’on est encore les bonnes personnes pour s’occuper de GLPI, en prendre soin et l’emmener plus loin ? » Naturellement, on est arrivé à la conclusion que non. Et donc il fallait envisager de transmettre le flambeau de manière plus formelle.
Après, on aurait aimé que naturellement, des contributeurs passaient de Padawan à Grand Maître naturellement mais ça s’est pas fait parce qu’en fait, sans doute par la force des choses, les gens ne voulaient pas forcément remettre en cause notre légitimité ou je sais pas, ou c’était aussi peut-être pour des questions de confort aussi, se dire voilà on a toujours affaire aux grands sages qui sont les gardiens du temple et puis voilà ça donnait aussi plus de liberté en tant que contributeur. Je n’ai pas d’explication forcément claire et nette sur le sujet, mais l’état de fait a fait qu’on n’a pas eu naturellement de gens qui ont repris le projet de manière naturelle.
Donc on s’est dit, bon ben voilà, il faut faire un grand big bang, et puis qu’on contacte nos partenaires pour leur proposer de reprendre le projet, mais en expliquant bien ce qu’on voulait pour GLPI et en vérifiant auprès de chacun qu’ils étaient en capacité de le reprendre selon les lignes directrices et fondatrices du projet. Sinon on aurait pu tout simplement fermer les portes et laisser le code à disposition, et puis il y aurait bien naturellement quelqu’un qui l’aurait fait, mais nous on souhaitait aussi sauvegarder l’intérêt de la communauté et assurer les choses dans le temps.
Walid : je m’aperçois que j’ai oublié de citer quelqu’un qui joue un rôle assez important dans la suite du récit, que c’est un oubli de ma part, c’est Pascal Aubry qui est donc le fondateur de Teclib et qui a toujours cru en GLPI depuis très longtemps. Qui a été un peu l’architecte du changement de gouvernance du projet, voilà, et personne avec qui vous aviez de la genre de mémoire, des très bons rapports si mes souvenirs sont bons.
Jean-Mathieu : Pascal ça a été un des premiers à oeuvrer et à travailler avec nous sur le réseau de partenaires, il avait bien compris et la logique et l’intérêt mutuel qu’il pouvait y avoir. Pascal s’est toujours inscrit dans une logique gagnant-gagnant donc on s’est très bien entendu dès le départ. Quand on a proposé la reprise du projet, il y avait d’autres candidats, on a nous fait le choix du partenaire qui présentait le maximum de garanties pour la continuité, la pérennité du projet, l’engagement du respect de la philosophie et de la licence du projet et puis la capacité aussi du partenaire à mettre des moyens. Parce que si on transmettait le flambeau c’est pas pour que le projet vivote, mais c’est bien pour lui donner les moyens qu’on n’était pas en capacité de donner au projet. C’est comme ça que la transition s’est faite.
Julien : je pense que c’est vraiment important, on a lâché, parce qu’il y avait une lassitude, il y avait tout ça, plein de facteurs, mais le facteur principal c’est qu’on voyait qu’on n’arrivait pas dans le modèle qu’on avait mis en place à donner à GLPI vraiment l’envergure qu’on attendait pour le projet.
Walid : c’est assez clair et nous pour l’avoir vécu de l’intérieur, on sentait bien la lassitude. Et moi je suis, je le dis à chaque fois, mais je suis extrêmement admiratif du temps que vous avez passé de manière bénévole. Je ne sais pas si j’aurais pu passer autant de temps de manière bénévole.
Le changement de gouvernance en 2015
Walid : donc en 2015, on fait un communiqué de presse commun pour annoncer le changement de gouvernance du projet, le fait que Teclib, c’est à dire en gros dans les faits Alexandre et moi, on va reprendre la suite. Qu’est ce qui se passe pour vous à partir de ce moment là ? Après j’expliquerai de notre côté, ça n’a pas été de tout repos. Mais ce que je voudrais c’est que vous expliquez vous comment vous avez vécu ça en fait. Qu’est-ce qui s’est passé une fois qu’on a publié ce communiqué ?
Jean-Mathieu : on avait les boules quand même. Ce n’était pas évident de laisser son bébé après 13 ans d’allaitement, jour et nuit. Ça a été douloureux. Ça a été un peu compliqué. Après, on s’était engagé à assurer une transition la plus douce possible pour le projet, pour les équipes qui reprenaient le projet, parce que tous les outils de gouvernance on avait la parfaite maîtrise mais c’est pas forcément le cas de ceux qui reprenaient. On a assuré la transition la plus douce possible pour la communauté aussi, on a essayé de laisser quelque chose le plus propre possible. On a eu des boules, c’était un peu douloureux le détachement, mais en même temps un soulagement aussi, pour ma part.
Julien : pour moi la transition n’a pas pu être douce parce que je suis passé des couches de GLPI aux couches de mon enfant, donc voilà, c’était pas… J’ai juste changé de bébé quoi. Et humainement, voilà, ça s’est passé beaucoup de choses.
Walid : comment vous avez vécu, après l’annonce, les réactions des gens ?
Jean-Mathieu : plus ou moins bien. On a eu de tout comme réaction, Julien. On a eu des réactions très positives en disant « Oui, on comprend, vous avez bien fait, on respecte, merci pour tout ce que vous avez fait. » On va dire que ça, ça a été la majorité des réactions.
Et puis on a eu des réactions un peu bizarres de certains, certaines personnes qui nous ont littéralement engueulé… on s’est fait traiter de salauds, parce qu’on abandonnait le projet et on les abandonnait potentiellement. Des réactions un peu particulières, un peu bizarres, je pense que c’était aussi des fois une façon d’exprimer une certaine tristesse, mais de manière un peu agressive ou maladroite.
On a bien apprécié et bien pris les réactions positives et plus ou moins bien reçus les réactions un peu négatives. Moi j’ai toujours eu un franc parlé donc quand j’estimais que les gens dépassaient un peu les bornes il y a eu des recadrages un petit peu brutaux. Enfin on estimait qu’on ne devait rien à personne si ce n’est à nous même initialement. Après tout ce qu’on faisait c’était par bonne volonté et par respect pour les autres mais fondamentalement on ne devait rien. Sauf que certains pensaient qu’on devait quelque chose (rires).
Julien : oui les réactions ont été diverses mais on a essayé d’expliquer au maximum pourquoi on l’avait fait et surtout le choix a vraiment été guidé vers la pérennité du logiciel et la meilleure solution de notre point de vue pour les utilisateurs sur le long terme. C’était vraiment ça l’objectif. Et c’était le mot d’ordre derrière GLPI et tout le travail qu’on a pu faire, c’était toujours pour les utilisateurs.
C’était le mot d’ordre qu’on véhiculait tout le temps. On fait toujours quelque chose pour les utilisateurs et tout ce qu’on fait, on le fait pour la communauté. Et cette passation, elle a été aussi faite dans ce sens-là. Même si elle a pu être douloureuse pour nous, elle était nécessaire, je pense pour nous personnellement, mais elle était aussi nécessaire pour la communauté.
La reprise du projet et le passage en mode éditeur
Walid : je pense qu’avec Alexandre, on va pouvoir expliquer un peu nous comment on a vécu ça. Je pense qu’on en parlait juste avant, on n’était pas du tout prêts à ça. Quand ça nous est tombé dessus, on était super content, mais on était là genre, ouh là là, écrasé par la tâche quoi, tellement de choses à faire.
Alexandre : et ça s’est fait honnêtement assez vite il me semble, en quelques mois on a appris la nouvelle, enfin moi j’ai appris la nouvelle et oui un coup, un trimestre après la chose était faite donc du coup oui il a fallu se mettre en ordre de bataille très très vite de ce point de vue là.
Walid : parmi les choses qui m’ont le plus surpris finalement, même si je comprends après coup, c’est avec Alexandre et mes autres collègues, on a passé pas mal de temps au téléphone où aller physiquement voir nos clients, nos bons clients, pour leur expliquer ce qui est… pour leur expliquer, donc les gens à qui on travaille depuis des années, pour leur expliquer qu’est ce qu’on a… qu’est ce qui se passait et qu’est ce qu’on allait faire.
Et en fait on a eu énormément de réactions de manière communautaire ou… enfin ou de gens qui n’étaient pas forcément proches de nous, ou même d’autres qui étaient proches de nous, qui en gros nous ont quasiment littéralement accusé d’aller refermer le projet. Chose qu’à l’époque je ne comprenais pas du tout, puisque ça faisait des années qu’on travaillait et qu’on était tous très contents de faire du code GPL et qu’on était tous très contents de faire une communauté, donc j’avais du mal à comprendre en fait.
Je peux comprendre que des partenaires qui étaient au même niveau que nous, au niveau communautaire à l’époque, et qui demain se retrouvent à ce que, ben en fait il y a un concurrent qui devient l’éditeur du logiciel… je peux comprendre ça mais en fait on a dû passer énormément de temps mais énormément de temps à devoir expliquer aux gens que non on n’allait pas refermer le projet, non on allait continuer comme ça mais juste lui donner plus de moyens et l’améliorer au fur et à mesure etc. Ça a été un travail finalement assez long quoi.
Et la deuxième chose c’est bah voilà en fait en gros le projet maintenant c’est toi qui gère le projet et là en fait c’est là que tu passes de l’autre côté de la barrière et que tu t’aperçois que effectivement c’est très compliqué. Il y a énormément de choses à faire, il y avait déjà ce que vous, vous aviez discuté avec nous de ce que vous vouliez qu’on fasse, donc le fait de réécrire l’application etc. et on peut reparler entre ce que vous aviez pensé et ce qu’on était en mesure de faire à l’époque. Parce qu’il fallait tout refaire, enfin je veux dire, il n’y avait pas juste du code, il y avait aussi toute une gestion commerciale, il y avait plein de trucs à mettre en place quoi.
Donc ça a été une période assez formatrice mais assez compliquée, je sais pas Alexandre qu’est ce que tu peux en dire toi ?
Alexandre : il y a deux points qui me viennent en tête assez facilement. Déjà on l’avait évoqué plusieurs fois, c’était la nécessité de réécrire le logiciel. Honnêtement je pense que je suis toujours d’accord avec cet état de fait et force est de constater qu’on l’a, ça fait huit ans maintenant, on l’a jamais fait du coup. Par contraintes techniques, par taille d’équipe, par le fait qu’on est une société et que du coup on a des clients en face et que du coup on n’a pas forcément une… vous l’avez dit vous-même que forcément il y a le fait d’être en communauté, vous avez le choix de votre roadmap un peu plus libre. De notre côté, il y avait des besoins de financement aussi de notre côté sur lequel s’inscrire dans une réécriture complète a été envisagé mais du coup n’a jamais été possible. En vrai, après ces huit années, globalement, GLPI ne ressemble quasiment plus au sein de sa base de code à ce qu’il était à l’époque : il y a eu énormément d’évolutions, surtout ces dernières années.
On a finalement réussi à remonter une équipe au final, puisqu’à l’heure actuelle on est une dizaine de personnes à travailler sur le code source. Mais à l’époque, il y avait Walid et moi, on avait un jeune développeur avec nous, on a essayé de recruter des personnes supplémentaires et au final on s’est rendu compte que ce n’était pas envisageable de s’occuper de ça. Donc du coup on a travaillé par itération au début plutôt assez de façon assez légère. Donc ça c’était le premier point.
Le deuxième point c’est surtout qu’il y avait effectivement une communauté comme vous en parliez, mais il y avait surtout aussi un ensemble de partenaires, de sociétés commerciales dont nous on faisait partie. Et donc du coup on a été, je sais pas comment dire, choisis pour faire cette reprise pour diverses raisons, mais du coup il y avait les sociétés en face qui se retrouvaient donc en concurrence avec l’éditeur. Il y a eu un choix qu’on a fait d’un point de vue commercial qui a été de dire « on ne fait plus d’intégration sur le logiciel et on laisse l’intégralité de ces revenus aux partenaires existants ou au futur qui vont nous rejoindre et nous on va se concentrer sur des prestations payantes, donc d’amélioration de la roadmap et ou du support ».
Et donc au début ça a été très difficile, mais au final ça a plus ou moins marché. Et j’imagine qu’on en parlera dans l’épisode suivant.
La première transition de mainteneurs
Walid : il y a des choses qu’on a gardé très clairement, toute la philosophie du logiciel sur les fonctionnalités etc. Il y avait un héritage qui était excellent. On a juste essayé de chercher effectivement des financements supplémentaires. Il y a une deuxième chose dont on n’a pas parlé, c’est que contrairement à tout ce que tout le monde pensait, le code source n’a pas changé de licence, c’est resté de la GPL. Le code source était toujours disponible.
Alexandre : il a changé récemment cela dit, mais il est resté sur une GPL.
Walid : il y a des transitions de mainteneur qui s’effectuent plus ou moins bien ou pas, on s’est placé dans la continuité de ce que vous avez fait, Julien et Jean-Mathieu. On n’a pas réinventé la roue en termes de philosophie et de manière de faire les choses, on l’a juste fait différemment parce qu’on est une société, on avait des clients, on avait des opportunités, il y a des choses qu’on a pu faire, il y a des choses qu’on avait envie de faire aussi.
Mais globalement, on a essayé de garder cette philosophie et de faire une transition en douceur parce que c’était plus facile. Il y a des projets qui ont tout réécrit je pense. Alors en particulier je pense que c’est Nuxeo, je ne sais plus quel GED (NDRL : gestion électronique de documents) qui a été créé en Python et qui s’est réécrit en Java complètement. Il y a des projets qui se réécrivent mais finalement je pense que ce n’est pas la majorité pour une partie des raisons qu’a expliqué Alexandre, je pense que c’est parce que là après la réalité économique je suppose fait que c’est quand même hyper compliqué d’avoir deux équipes différentes qui bossent sur deux technos différentes. Julien, Jean-Mathieu, quels sont vos retours là-dessus ? Comment vous voyez les choses finalement avec le recul? Et par rapport à ce que vous aviez imaginé ?
Julien : on avait passé le flambeau, après on ne passait pas le flambeau en disant il faut réécrire.
On a passé le flambeau, après vous devinez les gardiens du temple. Et nous, cette réécriture complète, on a mené le projet pendant 13 ans en faisant évoluer les choses en douceur comme vous l’avez fait depuis aussi. Et le code de la 0.2 n’a strictement rien à voir avec le code de la dernière version avant qu’on le passe à la main. Donc on a fait ça pendant 13 ans et c’est peut-être aussi ça qui nous a fait peur comme ça a pu nous faire peur la réécriture complète.
Alexandre : en vrai, je pense que nous tous les deux on était très enthousiastes à l’idée de faire une réécriture complète du logiciel, on aurait aimé faire ça en vrai… mais bon ça n’a pas réussi comme ça en in fine. J’ai des souvenirs sur les discussions qu’on pouvait avoir à l’époque sur la réécriture complète, ce qui nous posait un réel problème dans le modèle associatif, c’était de se dire « si on réécrit complètement, il nous faut au moins un an, c’est à dire que pendant un an, on bloque toutes les évolutions pour les utilisateurs ».
Et donc on risque d’avoir une perte de communauté pendant un an où on sortait un peu de notre ligne directrice de faire évoluer GLPI pour les utilisateurs.
Jean-Mathieu : Julien a un peu tout dit. Alors, moi j’aurais aimé voir GLPI NG (rires) ne serait-ce que par curiosité. Voilà, ce projet de réécriture, on avait quand même fait une avance de phase, on avait même un POC (NDRL : Proof of Concept), donc on avait quand même pas rien.
J’aurais aimé par curiosité voir si, par curiosité technique, si les choix qu’on avait faits, les précos qu’on avait vus et les avancées fonctionnelles qu’on a envisagées étaient pertinentes ou pas. Voilà, ça m’aurait amusé de le voir.
Je suis comme Julien, on avait pas imposé au partenaire qui reprenaient le projet de réécrire GLPI, on avait expliqué ce qu’on avait fait et où on en était. On comprend tout à fait qu’il y avait un existant, il y avait une communauté à satisfaire et puis après dans le cadre d’un business model, il y a des contraintes et financières et clients et financement et autres, il n’y a pas de souci.
Avec le recul, moi j’ai le sentiment que le contraint moral a été respecté. Le logiciel est toujours sous licence libre, il y a toujours une communauté existante, après il y a eu des évolutions dans le modèle économique mais même dans le positionnement du partenaire puisqu’il est passé d’intégrateur à éditeur, proprement dit la solution et la partie intégration est confiée au partenaire donc c’est des évolutions de modèles. Moi ce qui me fait plaisir c’est qu’on fête les 20 ans de GLPI cette année, que GLPI est toujours là, qui visiblement continue de satisfaire bon nombre de structures.
J’ai rencontré des informaticiens d’une grosse collectivité qui me disaient « on va déployer GLPI chez nous ». Voilà, donc ça prouve que ça continue encore de s’étendre et puis de répondre à des besoins. Je dirais, qu’on sera rempli.
Et puis je me revois encore en 2002, lorsqu’on sortait la première archive de GLPI, je n’imaginais pas un jour me dire qu’on allait fêter les 20 ans de GLPI.
Walid : je pense que personne n’imaginait le tour que ça allait prendre. C’est quand même une super aventure. Il y a un truc que j’en retiens, qui est une grande leçon que j’en retiens, c’est qu’en fait, t’as beau avoir un projet, avant tout c’est des hommes, c’est des gens. Ça marche bien quand les gens s’apprécient, ils se respectent et qu’ils arrivent à bien travailler ensemble. C’est vraiment le truc que j’ai toujours ressenti avec GLPI, c’est le fait qu’il y avait vraiment du respect et qu’on arrivait à tous bosser ensemble.
Si je prends par exemple le cas d’OCS, il y a un moment où les gens d’OCS ont dit à une partie des gens qui bossaient avec eux, donc de Gonéri, David, etc. « Bon les gars, ce serait mieux si vous alliez faire votre projet à côté. » Et donc souvent c’est comme ça que les forks qui partent, c’est parce qu’il y a des problèmes de personnes, finalement. C’est même pas qu’on ne s’aimait pas, c’est juste qu’on avait des intérêts divergents finalement.
Et sur GLPI, on a réussi à avoir ça, un but commun et tout ça, et bien bosser ensemble, c’est vraiment un truc que j’en retiens et que j’ai toujours essayé de garder par la suite.
Jean-Mathieu : merci, c’est sympa, on le prend.
Moi j’insiste toujours, GLPI c’était pas un projet technique, parce que techniquement y’avait rien de compliqué à faire un GLPI. Ça a pas été un projet non plus de diva. J’en ai vu plein des projets comme ça, ou même des fois des gens qui sont venus nous voir en nous disant « votre projet c’est de la merde, c’est même pas fait en, je sais pas quoi, le dernier langage à la mode, c’est même pas hébergé sur telle plateforme parce que c’est la plateforme à la mode, et puis votre machin, il rox ce pas, il est pas international, il est pas ci, il est pas ça, voilà. Et puis moi je vais en refaire un parce que c’est pas compliqué à refaire techniquement ». Et puis au bout de deux ans, on n’entendait plus parler du tout de ce projet parce que la diva avait été passée à autre chose, ou qu’elle avait sauté sur une nouvelle techno qui était encore plus à la mode et plus sympa et plus rigolote.
On a toujours eu conscience que notre projet n’était pas technique, qu’il était avant tout fonctionnel et qu’après l’enjeu, le vrai challenge, c’était l’aspect communautaire. C’était le lien fort qu’on entretenait avec nos utilisateurs. La communication qu’on était capable d’avoir avec eux, les échanges, etc. Nous on trouvait que c’était avant tout une aventure humaine plus qu’une aventure technique donc on l’a toujours piloté comme ça.
Je ne regrette absolument pas les 13 années passées même si elles ont été extrêmement chronophages et énergétivores, ça a été un formidable moment de vie et une très belle aventure humaine.
Remerciements et autres auto-congratulations 😉
Walid : oui si j’allais dire je donne la parole à chacun d’entre vous pour faire un mot de la fin puisqu’on cette interview. Julien ?
Julien : non mais je confirme, c’est clairement une très belle année de ma vie, donc j’ai pris énormément de plaisir autour de GLPI. J’ai aussi beaucoup appris sur plein de choses qui me servent aujourd’hui dans mon travail. GLPI c’était une communauté avec des gens très variés, très divers, donc il a fallu réussir à faire travailler tout le monde ensemble, à tirer le meilleur de chacun.Chacun avec ses qualités et ses défauts. Ce n’était pas tous les jours facile, mais je pense qu’on y est arrivé.
Un des éléments qui me marquent peut-être le plus dans cette aventure, c’est la rencontre avec Jean-Mathieu, parce que c’est peut-être de ça que j’en retire le plus. Parce que c’est quelqu’un d’exceptionnel déjà. C’est le genre de personne qu’on ne rencontre pas souvent dans sa vie. On en rencontre peut-être un ou deux. Je sais même pas comment décrire ça parce que voilà c’est quelqu’un qui vous apporte ce… et donc qui m’a énormément appris pendant toutes ces années.
Jean-Mathieu : est-ce que j’ai le droit de pleurer (rires) ? Merci Julien, en tout cas, j’ai été très touché par ce que tu viens de dire. Parce que je sais qu’en plus, c’est pas forcément des choses que tu dis facilement. Ça donne en plus de valeur. Mais je dirais aussi que j’ai eu la chance de rencontrer aussi des gens exceptionnels et tu en fais partie parce que sans toi, GLPI n’aurait jamais pu être ce qu’il est.
Et puis à titre personnel, voilà, j’ai pas juste rencontré des gens qui ont contribué aussi et je me suis fait des amis. Ça vaut son plaisant d’or.
Walid : Alexandre, tu veux aussi en donner un mot de la fin ?
Alexandre : je vais continuer sur les remerciements, puisque on est dans cette phase-là. Globalement, je vous remercie, vous trois. Julien et Jean-Mathieu, déjà pour votre accueil à l’époque, vos conseils extrêmement bons et votre accompagnement au début de la reprise, même avant votre accompagnement dans mon début de carrière autour de GLPI, ça a été quelque chose d’assez moteur pour moi, que ce soit personnellement ou même professionnellement.
Évidemment aussi Walid, à l’époque, qui était plus ou moins mon mentor. J’étais vraiment un jeune développeur à l’époque, et ça m’a permit de décoller très fortement. En tout cas merci… j’insiste, je vous remercie tous les trois pour le projet, mais aussi pour votre accueil et pour vous-même.
Les mots de la fin
Walid : je vais conclure en faisant moi aussi des remerciements. Quand je suis arrivé sur GLPI, j’avais 29 ans, j’étais totalement immature, je ne savais pas du tout comment ça marchait le logiciel libre, et vous avez pris le temps nécessaire pour faire en sorte que j’arrive à contribuer et à m’insérer dans le projet. Et c’était vraiment super parce que c’était ce que je voulais, faire du logiciel libre.
À travers GLPI, j’ai eu en fait, en gros, j’ai eu plein d’opportunités, déjà personnelles, puisque finalement, mon meilleur pote, c’est Gonéri, on se voit encore et on se parle encore tous les jours et on s’est rapprochés grâce au projet. J’ai passé des super années avec vous, avec Remi, avec Nelly, avec David, etc. On s’est quand même bien marrés tous.
On a eu quand même la chance de vivre des trucs super. Je pense par exemple un fork avec un lancement de projet au FOSDEM, des trucs quand même assez incroyables qu’on ne fait pas tous les jours. C’était super.
Et vraiment, voilà, moi je pense que tout le monde se considère un peu comme les mentors des autres. Donc moi, je dirais que Julien et Jean-Mathieu, j’ai vraiment appris une bonne partie du métier avec eux. Donc merci beaucoup.
Ça me fait vraiment hyper plaisir de voir que GLPI est toujours là aussi et que ça continue et c’est un des mots, le mot de la fin que je voulais, que je voulais deux mots de la fin.
Le premier c’est que c’est qu’on est dans un monde où il faut tout faire tout de suite et on voit très bien que dans ce cadre là les choses elles prennent du temps et que c’est normal et que c’est que ça permet de faire correctement les choses.
Et la deuxième chose c’est que je me suis beaucoup renseigné, j’ai beaucoup lu et en fait il n’y a pas beaucoup de littérature sur la bonne transition de mainteneur et pourtant dans les projets quand ça marche bien c’est que souvent il y a des bonnes transitions de mainteneur et là on en a parlé d’une, demain on en parlera d’une deuxième.
Merci beaucoup à tous les trois et pour les auditrices et les auditeurs si vous avez aimé cet épisode dans quelques jours sortira le deuxième épisode. Si ça vous a plu n’hésitez pas à en parler autour de vous, à les partager sur les réseaux sociaux, et à laisser des commentaires sur les plateformes de streaming. Le podcast est disponible sur toutes les grandes plateformes de
Cet épisode est enregistré le 12 juillet 2023.
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